Historique
Cette association Malouine œuvre depuis 2003 pour la sauvegarde de la mémoire d’un métier qui a profondément marqué le pays et l’arrière pays Malouin. Et si on le nomme le Grand Métier, c’est bien en raison de la grandeur des hommes qui l’ont pratiqué durant cinq siècles.
A la fin de l’automne 2003, deux capitaines de pêche, un mécanicien, et quelques autres se racontent leurs campagnes à Terre-neuve autour d’un apéritif. Les images reviennent, accompagnées du ronronnement du moteur, la mer bleuit à nouveau avec la remontée du chalut… Et si… Et si on partageait tout cela ! Et si on expliquait aux gens la vie d’un Terre-neuvas ! Bien des familles dans la région ont un aïeul qui a pratiqué la pêche à Terre-neuve et ne connaissent pas la réalité du métier. Les idées fusent et, en hommes d’action, la décision est prise de créer une association. Mémoire des Terre-neuvas est déclarée en sous préfecture de Saint Malo le 5 novembre 2003 et la parution au Journal Officiel sera en date du 6 décembre 2003. L’objet de l’association est :
Collecte, sauvegarde, promotion et mise en valeur, transmission et défense du patrimoine historique, culturel, social et humain, lié à la grande pêche, à tous ses acteurs et à son environnement dans la région et sous toutes ses formes.
La petite association va peu à peu s’étoffer. On récupère, à droite et à gauche des objets du patrimoine, des archives d’armements, des photographies, des cirés, couteaux, suroits. Tout cela est stocké et exposé dans un local mis à disposition de l’association par la municipalité de Saint Malo
La décision est prise de rechercher l’identité de tous les marins ayant fréquenté terre-neuve ! Il s’agit d’un travail considérable qui va mener à dépouiller les archives du quartier des Affaires maritimes de Saint Malo et, grâce à Michel le Bolloch, alors directeur de l’Etablissement National des Invalides de la Marine, celles des pensionnés de la Marine marchande. Ces informations, photocopiées, vont alimenter ce que l’on appelle la matricule des Terre-neuvas répertoriant les services des marins. Plus de 156 000 lignes de service sont ainsi collectées.
En 2006, l’association prend le nom de Mémoire et Patrimoine des Terre-neuvas et adopte le sigle MPTN. C’est en 2007 que la première grande exposition est organisée sous le titre de « Passeurs de mémoire ».
L’année suivante, on apprend que le musée flottant, le Victor Pleven, amarré dans le port de Lorient va quitter ce port pour être ferraillé. Mémoire et Patrimoine des Terre-neuvas se mobilise et une opération est montée pour aller à Lorient sauver ce que l’on pourra. La collecte est importante et l’association s’enrichit de nombreux objets et matériels qui permettront de recréer des scènes de vie à bord. Parmi ces trésors, figurent une bordée de mannequins d’une troublante réalité.
Tout ce matériel, venant compléter les dons et ce qui provenait du dernier voilier Malouin, le « Lieutenant René Guillon », va donner naissance, en 2009, au Musée des Terre-neuvas qui sera ouvert, sur rendez-vous aux seuls membres de l’association.
En 2010, l’association prépare un grand déplacement. Il faut transporter des doris et du matériel d’exposition à Paris, sur le parvis de l’Hôtel de ville. Il s’agit en effet de commémorer le centenaire de la grande crue de 1910 qui a vu les Terre-neuvas venir bénévolement au secours des parisiens pour les transporter dans leurs embarcations. Aux autorités qui les remerciaient de leur dévouement et de leur abnégation, ils répondirent fièrement : »Nous n’avons fait que notre devoir ».
Fluctua nec mergitur !, mais les doris furent les bienvenus quand même !
Les doris des terre-neuvas devant l'hôtel de ville de Paris
Cette entreprise, marquée du sceau de la réussite, va engager désormais l’association dans les paris les plus fous et les plus osés. Paris nous a reçus, il nous faut maintenant investir Bruxelles, le cœur de l’Europe ! Ce sera chose faite en 2011 lorsque MPTN, reçue au Conseil Economique et Social Européen, animera un colloque sur la Grande Pêche au cœur de la capitale Européenne.
Cette même année, une recrue importante va venir animer l’association. Elle dormait depuis de longues années dans le garage du Centre Administratif des Affaires Maritimes à Saint Servan. Oubliée de tous, elle gisait dans une méchante caisse en sapin. Redécouverte par un ancien directeur de ce centre, la vierge des Terre-neuvas fut restituée à l’association. Elle trônait lors des pardons des Terre neuvas qui se sont déroulés à Saint Malo de 1926 jusqu’en 1966 et préside désormais aux fêtes de la Saint Pierre de Saint Malo et de Cancale.
Les grands projets vont se succéder d’année en année. Ce sera l’édification d’un Cairn sur le port de Saint Pierre, dans l’archipel de saint Pierre et Miquelon, la réalisation d’un cairn identique à Saint Malo, l’installation d’une vierge des Terre–neuvas au Minihic sur Rance, la production d’un film « Mémoires de brume 2 » réalisé par notre ami Alain Michel Blanc, où les Terre-neuvas se remémorent leurs campagnes de pêche. On peut aussi citer l’entreprise la plus improbable : retrouver, cinquante ans après, les deux marins portugais qui tirèrent de l’eau glacée du golfe du Saint Laurent, notre ami Jean Baptiste tombé à l’eau à la suite d’un abordage de son navire par un chalutier espagnol. Cette recherche fut couronnée de succès et nous avons eu la joie, mais surtout l’émotion de réunir Jean Baptiste et l’un de ses sauveteurs – l’autre étant décédé depuis plusieurs années- lors d’une cérémonie organisée au Portugal par MPTN.
Inauguration du Cairn de saint Pierre. De g à d :Karine Claireau, maire de St Pierre, Lionel Martin, président MPTN et le Préfet de Saint Pierre.
En 2012, le petit musée réservé jusque là aux seuls adhérents se transforme sous les efforts des bénévoles de l’association. Des vitrines sont créées pour abriter les objets exposés selon diverses thématiques. Le sol est revêtu d’un parquet, Les maquettes de bateaux sont mises en valeur dans un meuble qui montre l’évolution des constructions. Tous ces efforts sont destinés à faire de ce musée un lieu de mémoire ouvert au public. Dans sa nouvelle formule, le musée des Terre-neuvas sera inauguré en avril 2013 par le Maire de saint Malo.
Ouvert les mercredis et samedis après midi, le musée est géré uniquement par des bénévoles de l’association et les visiteurs sont reçus par des guides qui sont d’anciens Terre-neuvas. Cet accompagnement par des professionnels donne un éclairage particulier aux objets exposés. Les anecdotes et les récits de ces guides transportent les visiteurs sur les bancs de Terre-neuve et leur font vivre une campagne de pêche.
Un petit musée pour un Grand Métier, MPTN a su le rendre attrayant et susciter la curiosité de milliers de visiteurs qui ont laissé des commentaires élogieux sur notre livre d’or.
Le musée des Terre-neuvas